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Mobile : l'essor de Free menace tout le système de portabilité
Free Mobile pourrait engranger 1 million de clients en janvier, soit bien plus que prévu. Le système informatique qui gère la portabilité ne peut tout traiter.
ECRIT PAR
Solveig GODELUCK
Fin janvier, Free Mobile aura 1 million de clients, a calculé Orange pour ses prévisions de trafic. Au cours de sa première semaine d'existence, le nouvel opérateur a il est vrai probablement déjà suscité entre 100.000 et 150.000 demandes d'abonnement quotidiennes, ce qui est énorme.
C'est en tout cas beaucoup trop pour le système informatique qui gère la portabilité des numéros mobiles pour le compte de tous les opérateurs, qui sont légalement tenus de fournir ce service sous trois jours. Pour rappel, la procédure veut que le client demande son numéro « RIO » (relevé d'identité opérateur) à l'opérateur qu'il souhaite quitter, puis qu'il le communique à son nouvel opérateur, en l'occurrence Free Mobile. Ce dernier dépose une demande de portabilité du numéro, qui est répercutée auprès des autres opérateurs.
Eviter un chaos total
Or l'émanation des opérateurs, le GIE EGP, dont le budget annuel s'élève à 1 million d'euros, ne gérait jusqu'à janvier que 10.000 à 15.000 demandes de portabilité par jour, avec un pic à 23.000 le lendemain de Noël. Selon Nicolas Houery, le directeur opérationnel du GIE, l'augmentation de trafic a été telle que, dès le premier jour, « Free a volontairement limité le nombre de demandes de portabilité à traiter quotidiennement pour éviter un chaos total du système ». Pressé par ses pairs, le groupe de Xavier Niel n'envoie plus que 35.000 à 40.000 dossiers par jour. C'est probablement la raison pour laquelle, dimanche soir, au lendemain de l'envoi des premières cartes SIM Free Mobile, seules 12.000 d'entre elles étaient repérables sur le réseau d'Orange.
L'opérateur historique est un observateur privilégié, puisqu'il fournit par contrat de la couverture réseau à Free Mobile, qui n'a couvert que 27 % de la population jusqu'à présent. Le réseau Orange est d'autant plus sollicité que certaines antennes de Free ont été volontairement éteintes (plus du quart) ou modulées afin de limiter les va-et-vient entre les deux réseaux.
Au GIE EGP, on se défend d'avoir été trop confiant dans la capacité du système informatique commun. « En décembre, nous avons établi une prévision de trafic partagée par tous les opérateurs y compris Free, sous la surveillance du régulateur du secteur, l'Arcep. Nous avons prévu une augmentation de 40 % des demandes de portabilité », explique Nicolas Houery. Le GIE vient de tenir une assemblée générale extraordinaire afin de parvenir à traiter le stock de portabilités qui s'accumule. Ajouter des serveurs ne suffira pas : c'est toute l'architecture du système qu'il faut revoir. Des études sont en cours. Le GIE pourrait par ailleurs lancer une deuxième plate-forme, court-circuitant celle sur laquelle s'interconnectent aujourd'hui les 49 opérateurs. Il s'agirait d'un système de transmission direct entre Free Mobile et le trio des grands opérateurs de réseaux mobiles.
Dans l'immédiat, le GIE estime avoir évité la panique totale. Le risque en cas de panne est de ne plus savoir où sont les clients : portés, restés chez leur ancien opérateur, ou dans les limbes ? Ce risque-là n'a toutefois pas été complètement écarté. En effet, explique un opérateur mobile, Free a commis « une erreur de débutant ». « Ils ont lancé la portabilité avant que leurs clients aient reçu leur carte SIM. Résultat, ils ne pourront pas téléphoner pendant plusieurs jours, car il y a toujours des délais incompressibles ». En effet, sur les forums, des futurs clients s'interrogent : leur abonnement sera résilié demain, mais où est leur carte SIM Free ? Assurément, ce désordre-là se résorbera plus rapidement que le stock de portabilités en souffrance.
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