Je suis un peu d'accord avec vous yoyo6963 sauf que ces cartels n'existent aujourd'hui et pour la plupart que grâce à la volonté des pouvoirs publics qui ont confié un patrimoine commun, financé par l'impôt (infrastructures télécom, voies ferrées...) à des entreprises nationales, vite privatisées, leur octroyant par là-même une rente de situation.
C'est cette même rente de situation que les opérateurs telecom "historiques" (car il s'agit d'eux ici) défendent bec et ongles.
Nous sommes bien d'accord, et en regardant avec un peu d'objectivité on constate toujours la même chose:
0/ La situation initiale que l'on oublie le plus souvent...
Un ou plusieurs - généralement plusieurs - entreprises privées commencent à déployer des services à la population, ici les télécommunications.... Ces services sont généralement chers car innovants et nécessitant la mobilisation d'une grosse quantité de capital (infrastructures, etc), en conséquence de quoi ils se diffusent d'abord dans les milieux qui en ont à la fois les moyens et à qui le service apporte un avantage.
1/ Un état se mêle de choses qui ne sont pas de sa compétence...
L'état jugeant que ledit service est désormais "d'intérêt général", et décide de s'octroyer le monopole de la chose en nationalisant le secteur (autrement dit en volant ceux qui l'ont développé).
But avoué, la "solidarité", ou comment prétendre fournir un même service partout sans aucune considération de la réalité économique.
2/ L'inconscient collectif prend le pli du service gratuit...
Au début ça marche toujours ! La ferme au fin fond du larzac se voit tirer 20km de ligne pour quedalle, très bon pour marquer les esprits et se faire réélire, et au début au moins le coût ne se voit pas trop car dilué dans l'impôt...
3/ Le mammouth grossit...
Le fonctionnement du service d'état étant nécessairement monopolistique, l'organisation en charge du service ne fait aucun effort de rentabilité et de simplification, hors le chantier est fatalement monumental.
4/ La réalité économique finit par rattraper le consommateur...
Au bout d'un certain temps (qui peut être un temps certain), le consommateur avisé s'aperçoit que la facture associée à son service enfle bien plus vite que l'inflation, alors même que le service n'évolue pas ou extrêmement peu. Il évolue d'autant moins que s'agissant d'un service (sévice?) public la recherche de l'égalité est partout ! A quoi bon donc déployer du très haut débit pour certains si on ne peut pas assurer la même chose au fermier du Larzac...
Un service de plus en plus cher sans contrepartie... a grogne monte d'autant plus que le consommateur a connaissance de ce qui est fourni dans d'autres pays...
5/ Des tentatives de réformes du service public sont faites... Sans succès, pour toutes les raisons bien habituelles en France (statuts ultra protégés, pouvoir de blocage du au monopole, CGT et autres...)
6/ Le secteur finit par être plus ou moins privatisé.
Idéalement il faudrait démanteler complètement l'ex entreprise d'état, et faire racheter les morceaux aux enchères par des opérateurs privés, mais dans les faits les choses sont rendue d'autant plus difficile que le secteur était auparavant protégé et généralement l'entité d'origine est conservée... C'est ainsi qu'on voit aujourd'hui un FT qui a gardé "son" réseau, et toujours composé de 60% de personnel au statut de fonctionnaire !!!
7/ Plus le secteur est privatisé, plus la situation s'améliore globalement pour la grande majorité des consommateurs, quand d'autres ont l'impression d'un retour en arrière.
Ces derniers sont généralement des gens qui considèrent que les autres doivent payer pour leurs commodités, et qui le font bruyamment savoir en maquillant le discours sous de jolis mots tels que "solidarité", "égalité", etc...
Il faut bien noter que privatiser un secteur ne veut pas dire supprimer toutes règles, le rôle de l'état est essentiellement de définir le socle de règles applicable à tous les acteurs, sans exception ni traitement particulier, par contre il faut bien avoir à l'esprit que:
- l'état ne doit pas par exemple imposer de prix sans quoi le marché sera faussé.
- plus les règles sont contraignantes, plus la rentabilité baisse, et plus les prix sont élevés...
Les règles doivent donc être le plus simple possibles, et le moins contraignantes possibles.
8/ Le secteur n'est pas complètement libéré ? les règles ne sont pas les même pour tous ? l'état se mêle des prix ? la concurrence est faussée, les cartels se forment...
Si le marché n'est pas vraiment libéré, subsiste fatalement une distorsion de marché manifeste, l'état plutôt que de laisser faire cherchant à "réguler" la concurrence (ARCEP, etc). Un système ou seuls les plus gros et surtout les plus influents peuvent survivre se met en place, et l'on observe que la situation est passée d'un monopole à un cartel...
... Et cela donne encore du grain à moudre aux habitants du Larzac nostalgiques du service gratuit pour tous (et surtout pour eux), qui ont beau jeu de dire que "la concurrence ça ne marche pas", "le libéralisme c'est pas bien", alors que la situation est bien lointaine d'une concurrence réelle dans un système libre...
9/ Retour à la case départ ? prise de conscience ?
Le problème est bien que l'état, après avoir créé le problème initial par la mise en place du monopole, après avoir appauvri la population tout en ralentissant le déploiement des nouvelles technologies, cet état au lieu au lieu de se désengager de la problématique en revendant purement et simplement son capital (infrastructures, personnel, etc) - et d'en profiter pour se désendetter - pour laisser faire le secteur privé, et bien cet état cherche à garder le contrôle de l'activité sous prétexte que ce serait un "bien commun" qu'il "confie" au privé, créant de fait des cartels reproduisant le phénomène monopolistique...
... L'étape ultime serait la re-nationalisation du secteur, parce que "la concurrence ça ne marche pas", et la boucle est bouclée, retour au point 1, car depuis le temps tout le monde a oublié le point zéro...
Pour sortir de ce cercle vicieux, il faudrait que les français arrêtent de croire que tout est gratuit, et comprennent qu'ils sont responsables de leurs choix de vie personnels - genre habiter à 15km de toute vie - de sorte que si un service n'est pas disponible pour eux et bien ils sont libres de contacter qui pourra fournir ce service, et que ce quelqu'un est en droit de réclamer un prix lui assurant la rentabilité...
Et oui, avoir du VDSL ou du FTTH au fin fond du Larzac ne sera pas forcément possible ou accessible à un prix raisonnable à court terme, et si le débit est vital pour une raison ou une autre (ex: une Web entreprise s'implantant dans une ferme isolée (pourquoi pas ?)...) il faudra se résoudre à payer des liaisons satellite/WiMax/xG ou que sais-je, et si cela n'est pas rentable pour une raison ou une autre il faudra peut-être revoir la localisation...
Pour le coup je suis pas super optimiste...
Noter que le phénomène décrit se transpose aisément à d'autres secteurs: énergie, assurance santé, assurance retraites (retraites par capitalisations en reconstruction vidées par le "maréchal"...), automobile (traban, régie renault, ...), et même l'instruction, dont le ministère a été renommé en "éducation" il n'y a pas si longtemps...