Encore 10 ans avant le très haut débit en Eure-et-Loir (La Rep)
Publié le janvier 26, 2011 by coralinesalvoch| Laisser un commentaire
Publié le 14.01.11
Le conseil général a adopté en décembre dernier la mise en place d’un schéma départemental du numérique. L’objectif ? Assurer d’ici une dizaine d’années le très haut-débit pour 70 % des Euréliens.
191,4 millions d’euros pour garantir le haut-débit à tous les Euréliens et le très haut-débit à 70 % d’entre eux, la promesse fait rêver Pour autant, il faudra patienter encore un petit peu, puisque l’investissement du conseil général s’étalera jusqu’en 2020. Presque une aberration à l’heure où les offres Internet à très haut-débit se multiplient partout en France
Plus de zones blanches
Si le département peut faire pâle figure face aux grandes agglomérations, il n’est pas à la traîne et s’inscrit dans la moyenne nationale. D’après les rapports du conseil général présentés au vote du budget 2011 en décembre dernier, les investissements réalisés par le département en 2009 et 2010 auraient suffi pour couvrir la quasi-totalité des zones blanches de l’Eure-et-Loir. 2.042 lignes avec un débit minimum de 512 kilobits ont été résorbées en deux ans. Des chiffres qui sont à prendre avec précaution. Entre 3 et 400 lignes ne peuvent encore capter Internet que par satellite (entre 30 et 100 euros par mois pour un débit compris entre 1 et 4 mégabits) et un grand nombre d’abonnés disposent toujours d’un ADSL limité. Le véritable enjeu de la décennie 2011-2020 est donc de monter en débit les réseaux fixes et hertziens. Dans cette optique-là, le conseil général a donc initié en 2010, la création d’un schéma directeur d’aménagement numérique (SDTAN). Un schéma qui s’inscrit dans le « programme national de très haut débit » lancé en juin 2010 par le gouvernement. Sur la période 2011-2030, le montant de l’investissement total est estimé à 191,4 millions d’euros dont près de 125 millions d’euros d’investissements publics.
10 ans de retard ?
En Eure-et-Loir, le SDTAN a été adopté de façon mouvementée en décembre 2010, lors du vote du budget primitif 2011. Pour les élus PS du département, ce plan sert en effet à combler un retard pris depuis de nombreuses années. « La fracture numérique est déjà là, nous avons 10 ans de retard en terme d’investissement, assène Nicolas André, conseiller général de l’opposition et maire de Lèves. À l’heure actuelle, nous en sommes à nous féliciter de faire installer le haut-débit dans certaines zones du territoire. » Et l’élu socialiste de pointer la fracture entre le nord-est du département et le sud-ouest moins développé numériquement. En cause ? Un manque de volonté du département mais aussi des structures privées comme France Télécom qui investiraient trop peu sur le territoire. « Les élus et les opérateurs se cachent derrière les difficultés techniques », complète-t-il. « Nous devons sauter une étape et nous focaliser sur la fibre optique ». La perspective de 1.700 kilomètres de fibre optique déployés d’ici 2020 ne les satisfait guère. « En raccordant certains pylônes à la fibre, on pourrait passer de 2 méga à 16 en deux ans dans certaines zones », confient les élus Michel Deprez et Jacky Jaulneau, tout en reconnaissant qu’il est difficile d’investir sans retour sur investissement direct. Mais 2011 devrait pourtant bien débuter, selon Eric Maes, directeur des relations avec les collectivités locales en Eure-et-Loir pour Orange-France Télécom, le dossier SDTAN devrait être déposé à l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) d’ici une dizaine de jours, permettant ainsi au département de prétendre au fonds d’aménagement numérique des territoires issu du grand emprunt (2 milliards d’euros environ). Un premier pas concret vers « l’autoroute du numérique ».
Coraline Salvoch.
Multiplier les modes de couverture
ADSL, Wifi, Wimax, fibre, satellite ou encore boucle locale radio (BLR) « La fracture numérique n’existe plus dans le département », assure Jean-Marie Léger, ingénieur commercial chez Céliéno, filiale numérique de la Régies à Lucé. L’entreprise est venue s’engouffrer dans le vide laissé par les opérateurs dans les zones rurales. 27 communautés de commune sur 32 en Eure-et-Loir bénéficient de la technologie BLR, soit près de 1.100 clients. Des antennes posées sur des points hauts émettent des ondes radio. L’arrivée de la fibre optique jusqu’à ces antennes permettra de passer à un trafic de 16/4 méga bits. En 2011, ce sont les antennes du Val de l’Eure et du Courvillois qui devraient être reliées à la fibre. Une technologie qui devient incontournable pour les opérateurs. La Régies possède déjà une soixantaine de clients et France Télécom devrait alimenter en FTTH (fibre à l’abonné) les villes de Chartres et de Lucé d’ici 2015. Les deux entreprises ne se font pas pour autant la guerre. Elles travaillent ensemble sur un des plus gros chantiers de France : l’arrivée des deux DATA-Center du Crédit Agricole à Mainvilliers et Fontaine-la-Guyon. France Télécom est chargé de relier en fibre les locaux jusqu’à Paris et la Régies relie les deux sites entre eux. Tout ça pour un débit de près de 100 mégabits par seconde.
Le haut-débit, une affaire publique et privée
« Le haut-débit reste une affaire commerciale et n’est pas lié au service universel au niveau européen », explique Eric Maies, directeur des relations avec les collectivités locales dans le département pour Orange et France Télécom Le développement numérique est donc longtemps resté l’apanage des opérateurs téléphoniques. L’arrivée du haut-débit avec l’ADSL et la privatisation de France Télécom ont pourtant plongé l’État face à ses responsabilités. « Ce dernier s’est retrouvé démuni en terme d’action de développement alors que la demande de service devenait de plus en plus forte ». Pour éviter la fracture numérique, l’État a donc donné en juillet 2004, le droit aux collectivités de construire et de financer des réseaux de communication électronique en cas de « carence ». Un droit nécessaire dans les zones rurales ou montagnardes où les opérateurs ont parfois du mal à investir.
Un débit qui change selon la localisation
Même dans l’agglomération chartraine, il existe des problèmes de haut-débit. Certaines zones comme Luisant ou encore Lèves bénéficient d’un débit relativement faible, contrairement aux habitants du centre-ville de Chartres. Cette inégalité numérique s’explique par la technologie ADSL. Le noeud de raccordement d’abonnés (NRA) est situé au niveau de la médiathèque de Chartres. C’est le central téléphonique où aboutissent les lignes des abonnés. Plus on s’éloigne du NRA, plus la ligne téléphonique est longue, plus les utilisateurs perdent du débit. Pour augmenter le débit, il faut implanter un autre noeud de raccordement ou opticaliser les centraux : le fil de cuivre est remplacé par de la fibre. C’est la politique choisie par France Télécom. L’opérateur a choisi de mettre en place un plan de plusieurs millions d’euros d’ici « 3 à 4 ans ».
C.S.
Cette entrée a été publiée dans La République du Centre, avec comme mot(s)-clef(s) 28, Chartres, Eure-et-Loir, France Télécom, Internet, Lucé, Régies. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.