Pour moi un FAI c'est un vendeur de tuyaux. Et pour garder son outil de travail "à jour", il doit sans cesse moderniser son réseau en opérant des investissements réguliers pour faire face à l'évolution des besoins de ses clients (et notamment l'augmentation graduelle des besoins en bande passante). C'est ça son métier.
C'est en tout cas pour moi le sens que je donne au deal que je fais tous les mois avec mon FAI:
"je te donne 30€, tu payes tes charges, tu entretiens les réseaux actuels, tu investis dans les réseaux futurs et tu te fais une marge raisonnable".
Je n'ai pas vraiment l'impression qu'il y ait eu de grande rupture ces derniers temps et que la donne ait radicalement changée au niveau des utilisations du réseau: l'évolution des besoins (des utilisateurs) et des coûts (des FAI) me paraît au contraire évoluer dans une certaine forme de continuité.
Si on prend l'exemple de Free sur le premier semestre 2010, on a un résultat qui parle d'une augmentation de l'EBITDA de 27% ( équivalent à +80 millions d'€) et une marge globale de l'indicateur au delà de 40%. On est donc très loin de l'idée que le métier de FAI soit subitement mis en danger faute de rentabilité.
Au vu de ces chiffres, il ne me paraîtrait pas déraisonnable de penser que pour garder un 'deal' FAI/abonnés raisonnable pour tout le monde, une partie de cette somme soit alouée à l'augmentation de la capacité des réseaux du FAI (peering, transit).
Admettons que Free dédie la moitié à l'augmentation de la capacité du réseau, on a 40 millions d'euros par semestre (6.6 millions d'€ par mois). A quelque chose comme 10€ par Mb de transit acheté par mois, ça fait 0.6Tbit/s d'augmentation de capacité tous les semestres, soit largement plus que l'évolution réelle de l'utilisation de la BP par les clients (*)
Bref, j'ai beaucoup de mal à comprendre et à accepter la position de l'ARCEP sur ce point là.
Surtout sur l'aspect de la neutralité du net qui devrait être sa priorité n°1 parce qu'Internet, sa genèse, son originalité par rapport aux autres médias (et donc sa force) viennent de là: que le particulier comme la multinationale soient logés à la même enseigne.
En bref (et pour caricaturer un peu): mon nom de domaine à 5€ et mon petit serveur perso qui tourne derrière doit rester tout autant accessible que le nom de domaine google.com
(*)
vu sur PCINpact: "
Selon Niel, actuellement, ses 4,5 millions d’abonnés consomment environ 1 Tbps (Terabit par seconde) lors des heures de pointe, soit entre 18h et minuit selon nos informations.".