Merci pour ta réponse qui au moins pose le problème clairement. Bien entendu tu as parfaitement raison au sujet des travaux de génie civil qui représentent un coût majeur de l'adduction pour tout opérateur qui n'a pas déjà un réseau. Au passage, le réseau Orange existe déjà et l'ARCEP a précisé comment le partager quand c'est possible. Mais ce coût est très lourd est nécessite une rentabilité solide, sans parler de la mise de fonds.
Par contre, le FTTH P2P a une très coûteuse contrainte par rapport au PON, qui est assez évidente mais jamais évoquée par notre ami : une ligne optique par client ! Ce qui impose en plus de construire des NRO P2P notablement plus imposants que pour les NRO PON, donc un surcoût immobilier. La soi-disant limitation du PON en distance, qui obligerait à construire davantage de NRO, n'est pas du tout évidente en zone dense.
Le déploiement vertical, par l'opérateur d'immeuble ou par l'opérateur de service, ne dépend pas de la technologie. Même si c'est évidemment plus commode de faire passer une ligne que 20 dans certaines parties communes ou dans les fourreaux mutualisés.
Enfin il faut financer chaque prise. Et c'est là que le budget P2P explose. Prenons un exemple simple, soit un immeuble de 50 logements en zone dense, dont 40 utilisent internet. Les budgets prévisionnels reposent sur une comparaison :
1 - Une adduction FTTH PON est possible avec une seule fibre entre le NRO et le boîtier mutualisé, sur la base théorique de 64 lignes par fibre.
2 - Une adduction FTTH P2P Free réclame au moins autant de fibres que de clients, mettons 15 pour être dans des conditions de rentabilité optimales, soit au moins 15 fois plus que le PON. Mais il faut en prévoir davantage pour ne pas devoir les installer par la suite, ce qui coûterait encore plus cher : or financer l'adduction des 50 logements signifierait installer des lignes qui ne serviront jamais... avec un surcoût énorme. C'est donc beaucoup plus difficile de définir un financement réaliste, entre le marché ADSL de Free et la couverture à 100% de l'immeuble. Pour mémoire, rares sont les immeubles où Free ADSL équipe plus de 30% des logements.
C'est pourquoi le P2P n'est pas rentable partout, comme le DG de Free l'a martelé en septembre 2012. Comme il est totalement exclu que Free abandonne ses clients ADSL aux autres opérateurs d'immeuble, il y aura donc tôt ou tard des clients Free raccordés en FTTH PON, par une box compatible ou par un réseau ethernet distribué en aval d'un modem fibre, comme cela se pratique ailleurs.