Pour la première fois, je note un mensonge et de la mauvaise foi de la part de Jean-Ludovic Silicani. Je suppose qu'il est exposé à une très forte pression. Il ne serait pas surprenant qu'il soit "invité à prendre une retraite anticipée" comme on dit.
Le mensonge: les 3 MNO n'auraient pas mis en garde l'ARCEP sur la méthodologie de mesure auparavant. C'est faux, archi faux! Ce fut fait à plusieurs reprises depuis plus de deux ans. J-L S. a la mémoire courte ou sélective.
Pour l'avenir, ou la postérité (!), une mise en garde de deux MNO à été faite en juillet dernier à l'ARCEP sur les conditions de mesure de la 4G LTE, puisque l'ARCEP avait l'intention de mesurer la 4G LTE ... avec les méthodes adaptées à la 2G (voir cahier des charges) ! A ce jour, aucune réponse de l'ARCEP.
Sauf que dans ce cas, c'est la mesure de la 3G qui est remise en cause alors que c'est la même méthodo qui a servie pour eux. Il faudrait appliquer à Free une mesure différente... mais alors que serait le taux de couverture de ces opérateurs avec une nouvelle méthodologie? Seraient-ils eux-mêmes "dans les clous"?
La mauvaise foi: "Une agressivité commerciale plus importante, à temps, aurait peut-être pu « éviter l’arrivée d’un quatrième opérateur »"; Là c'est vraiment pas glorieux. En effet, jusqu'à présent la règle était la concurrence par les investissements dans les infrastructures; Puis les règles du jeu changent sans concertation et il devient possible d'utiliser une couverture radio quasi nationale en investissant une fraction presque dérisoire de ce que d'autres ont investis.
C'est sur, l'arrivée d'un nouvel opérateur trouble l'entente cordiale des 3.
Blague à part, on ne peut pas demander à un nouvel entrant quel qu'il soit d'être au même niveau d'équipement que les 3 opérateurs historique en seulement 2 ans. Les règles du jeu étaient claires, un nouvel opérateur arrivait: Free. Bien connu pour son agressivité tarifaire et commerciale.
Et encore une fois, le contrat d'itinérance coûte bien plus cher à Free que l'investissement dans l'équipement de son réseau.
C'est un coup d'arrêt pour les investisseurs, qui ont besoin d'être rassurés sur la pérennité et la rentabilité moyen et long terme de leurs investissements. Je ne serais pas étonné que certains MNO engagés parallèlement dans l'effort de fibrage national temporise, restreignent ou abandonnent tout simplement leurs investissements dans le FttH, pour mettre tout le paquet dans la 4G LTE. C'est à dire privilégier le court terme.
La logique industrielle est remise en cause, avec toutes les conséquences que l'on imagine en cette période de crise.
Moi je comprends le découragement de certains MNO: ils se demandent désormais pourquoi il ne feraient pas comme Free Mobile, c'est à dire biaiser légalement les règles (et c'était bien tordu) et profiter légalement des investissements des autres. Puisque désormais il est possible avec une licence MNO de se comporter comme un Full MVNO, avec la bénédiction de l'Etat.
Des suites judiciaires me paraissent inévitables.
Je ne me pose pas en défenseur acharné de Free mais il me semble que cela fait partie des choses "normales" que de trouver les failles dans les règles et d'en jouer. C'est même un sport international.
Pour mémoire certains opérateurs ne cherchent même pas les failles et enfreignent les lois (et se font gauler!)
Non l'itinérance ne coute pas plus cher à Free Mobile que d'investir dans son propre réseau, très loin s'en faut:
F-M a investi en cumul 2009 & 2010 1,1 milliard d'Euros de CAPEX. L'itinérance coute (couterait !) entre 1 et 1,5 milliards d'Euros sur 5 ou 6 ans. Avec cette somme, c'est l'accès à un réseau radio qui a couté des dizaines de milliards d'Euros et qui représente une couverture quasi-nationale.
Bon, c'est la négo commerciale. Très bien et tant mieux pour Free Mobile ... et pour moi en tant que consommateur !
Sauf que les conditions réglementaires de la quatrième Licence 3G définissaient un droit à l'itinérance 2G, et pas 3G. Et ça change absolument la donne.
Car les candidats à la quatrième Licence se sont tous désistés avant la clôture de l'Appel d'Offre --sauf Free, restant l'unique candidat-- estimant qu'il était impossible
dans les conditions de la Licence d'en respecter les termes. Donc ils se sont fait avoir et doivent l'avoir saumatre.
Aucune contrainte n'obligeait O-F de négocier une itinérance 3G. Ce contrat étant privé, même l'ARCEP n'en connait pas (officiellement) la teneur, et encore moins les deux autres MNO. C'est donc un jeu de poker menteur, très tordu, avec d'énormes sommes en jeu.
Enfin et de nouveau, les opérateurs "normaux" --qui ne sont pas des saints je vous l'accorde bien volontier-- ne s'attendaient probablement pas à ce qu'un trublion ait l'astuce de couvrir sans service.
La méthode de mesure de l'ARCEP fut la même pour les 4 MNO, et heureusement. Mais les 3 premiers proposaient pour ces mesures des réseaux qui couvraient ET qui permettaient de rendre un service, y compris avec cellules chargées en trafic. Et là je peux comprendre qu'ils l'aient en travers de la gorge.
L'ARCEP tente bien de faire semblant d'être l'arbitre lorsqu'il déclare:
"Il invite également à distinguer la « couverture du territoire » de la « qualité de service », qui sont deux mesures bien différentes.", mais c'est d'une grande hypocrisie ... ou bien les contraintes politiques et les diverses pressions sur l'ARCEP sont très/trop pesantes ...